jeudi 8 novembre 2018

*21* Officier gestionnaire de l'ambulance 1/10 à la colonie scolaire de Dury, du 3 juin au 11 août 1918.

Le lundi 3 juin 1918, l'ambulance 1/10 quittait l'asile de Dury à 9 h pour se rendre à la colonie scolaire de Dury. Le déplacement dura un heure. Nous nous installions provisoirement, l'ambulance 1/64 que nous devions relever, ne partant que le lendemain. A notre arrivée, nous avions été accueillis par Victor Cocu, le concierge de la colonie. Nous étions à la disposition du médecin chef de la colonie scolaire,  Monsieur Hahn.

Le 4 juin, notre front se stabilisait mais la lutte restait très dure sur les points stratégiques de la ligne Soissons-Château-Thierry. A certains points, l'ennemi avait réussi à passer la Marne, mais avait été refoulé.

Le 5 juin, 15 divisions sur 18 de chaque régiment se trouvaient au repos à Saint-Sauflieu. pendant que les trois autres divisions étaient en ligne.
Mademoiselle Thillet déjeunait avec nous.

Le 6 juin, nous recevions l'ordre de nous tenir prêts à partir après avoir réduit au minimum les cantines et bagages de tout l'effectif. Il nous manquait toujours six chevaux, non remplacés après leur perte lors du bombardement du 15 mai 1918.
J'envoyais à la Croix-Rouge à Paris une commande de Mademoiselle Thillet.

Le 7 juin, l'ennemi était contenu.

Le 8 juin, Vilas apprenait sa mutation pour être pharmacien du 332ème Régiment d'Infanterie.
Je recevais le matériel commandé et constatait des éléments manquants.
J'achetais un veau et 25 kg de viande.
L'ennemi s'agitait sur le secteur Noyon-Montdidier.

Le 9 juin, le lieutenant Gauthier nous livrait six chevaux à Sains-en-Amienois.

Le 10 juin, l'ennemi faisait une offensive de l'Oise à Montdidier, sur un front de 36 km. Partout, il était fortement contenu, excepté dans le centre de son attaque où il avait fait une avancée de 4 km. Des obus tombaient sur Amiens, des maisons brûlaient, la façade des Nouvelles Galeries avait beaucoup souffert. Il semblait que l'ennemi, dans son attaque sur Château-Thierry, n'avait fait que 400 bouches à feu.

Le 11 juin, l'offensive ennemie était contenue. Le front se stabilisait
.
Le 12 juin, des Anglais venaient dans le secteur. Le bruit courait qu'ils allaient le réoccuper pour un renforcement ou une relève de divisions françaises qui commençaient à être fatiguées.
Les chevaux que nous avions récupérés n'étaient pas très bons, un surtout que nous avions du mal à atteler.

J'étais soucieux car je n'avais plus de nouvelles de mon frère René, mais le lendemain, au Bois de Berny, je le trouvais à l'ambulance 212 de la 66ème division et je passais avec lui l'après-midi. Il était en bonne santé et avait bon moral, j'étais rassuré.

Le 14 juin, la mutation de Vilas pour le 332ème RI nous parvenait de la direction du 31ème corps.
Il quittait l'ambulance 1/10 à 16 h pour se rendre à Boves où se trouvait un échelon de son nouveau régimentNous attendions son remplaçant, Monsieur Baudonnet.
Fay recevait  une dépêche de sa femme le prévenant que sa belle sœur était gravement malade. Il demandait une permission exceptionnelle qui lui était accordée et le lendemain, il partait pour Nice.

Du 17 au 19 juin, nous recevions des ordres secrets, en cas d'activité sur le front.

Le 20 juin, l'aviateur allemand Wisthot, blessé par une balle de mitrailleuse, passait à l'ambulance. C'était un jeune étudiant aux Beaux-Arts, âgé de 20 ans, très chic.

Le 21 juin, Monsieur Cabannes rejoignait l'ambulance 12/8.

Le samedi 22 juin 1918, nous avions une  visite de Monsieur Pouillaude, médecin inspecteur de la Ière Armée qui avait remplacé Monsieur Ferraton.
Bonhomme et Lugrin partaient en permission de détente. Les permissions venaient d'être rétablies ce jour-là autour de 8%. Baudonnet partait aussi en permission le 26 juin, mais ma demande de permission m'était retournée. Il me fallait attendre la rentrée de Baudonnet. Vilas et Van Alstyne venaient déjeuner ce jour-là avec nous.
J'allais au P.C du Bois Jeanne d'Arc situé au Sud de Boves sur la route de Cottenchy,  pour prendre des tentes, une seule m'était rendue.
Il y avait toujours de nombreux morts, des prisonniers et des évacuations.

Le 27 juin, Canac recevait l'ordre d'aller à Courcelles pour remplacer l'aide major Baptiste Livrelli.
De mon côté, j'allais à Poix avec notre médecin-chef.

Le lendemain, mon frère René venait me voir à la colonie scolaire, il avait été relevé des tranchées dans la matinée.

Dans la nuit du 28 au 29 juin, un coup de main avait été réalisé par le  régiment d'infanterie, faisant cinq prisonniers. Notre attaque sur l'Aisne en face du bois de Villers- Cotterêts avait permis de prendre trois villages dont Cutry. Nous avions avancé sur un front de 7km, de 2 km en profondeur.

René est debout, à droite de la photo.



Le dimanche 30 juin, j'avais passé la journée à Poix avec mon frère. Le lendemain, je le revoyais à 8h30.  Alertés à 10 h, les bataillons partaient vers Berny et Ailly-sur-Noye.









Le 2 juillet, nous avions une visite d'inspection de Monsieur Louis Mourier, secrétaire d'état du service de santé accompagné de Monsieur Poulliaude et de Monsieur Ratry.

Le 4 juillet, je rencontrais mon ami Jean Vidal à Hébécourt. Cette rencontre avec une connaissance tarnaise m'avait donné envie de retourner chez moi et le 7 juillet, je remettais ma demande de permission.

En ce début du mois de juillet 1918, on parlait beaucoup d'une offensive prochaine, sans pouvoir déterminer l'endroit où elle aurait lieu.

 Le 9 juillet, le deuxième bataillon remontait en ligne à 20h30, en première position.

Le 10 juillet, Monsieur Hahn, médecin chef de l'ambulance 12/8, partait en permission. Bonhomme était rentré le 8. Pour la première fois, depuis bientôt deux mois, il pleuvait.

Je partais enfin en permission le 12 juillet pour deux semaines.




Je restais dans le Tarn jusqu'au 26 juillet et je revenais par train avec Albert Prat du  272ème Régiment d'Artillerie, qui avait été à l'école militaire de Fontainebleau. Nous avions manqué notre correspondance à Toulouse et avions continué sur Bordeaux.J'avais prévenu ma femme en lui envoyant à Mazamet cette carte postale de Bordeaux :






 "Manqué correspondance. Bien regretté ne pas être parti pour Toulouse le matin. Avons continué sur Bordeaux. Compte partir à 11h. Bons baisers.
Ernest"






Je retrouvais le 27 juillet l'ambulance 1/10.

Le lendemain, un dimanche, je passais un moment avec Jean Vidal et Monsieur Gaubert. Puis, le 29 juillet, mon frère René, venait d'Oresmeaux pour passer la journée avec moi. Je pouvais lui donner des nouvelles fraîches de notre famille et lui raconter mes journées en permission.
C'était au tour de Lapouble de partir en permission.

Le 14 juillet, il y avait eu une offensive boche de Château-Thierry à Suippes. L'attaque avait été repoussée. Après avoir passé la Marne et être descendu au Sud de la rivière de 8 km sur un front de 9 km, l'ennemi fut obligé de battre en retraite. Une contre-offensive eut lieu le 18 juillet, mais nous avions réussi à les  repousser sur tout le front. Le 3 août, nous reprenions Soissons, Ville-en-Tardenois, Fère-en-Tardenois et Chaumuzy. Il y avait  alors 3500 prisonniers et prise d'une grande quantité de matériel. 
Le général Fayolle était alors au commandement des armées de réserve. Le général Mangin commandait la 10ème armée, le général Degoutte la 6ème armée,le général Humbert la 3ème armée, le général Berthelot la 5ème armée.
Les Anglais s'étendaient de 7 km vers le Sud et prenaient jusqu'à Castel. Sur une distance analogue, la Ière armée restait sur place.
Nos troupes avançaient vers la Vesle. Nous nous étions emparés de Fismes, Soissons et nos avant-gardes étaient sur la voie ferrée allant de Fismes à Muizon  et Reims.

Une forte attaque était prévue sur le front d'Amiens. Le 8 août 1918, à 4h15, il y eut un formidable déclenchement d'artillerie. A 5h, les hommes s'élançaient des parallèles de départ et surprenaient partout les Boches. L'avance était rapide et à 10h, plus de 8km sur un front de 25km étaient gagnés, plus de 10000 prisonniers étaient faits.

L'attaque partait d'Albert et arrivait jusqu'à Courtemanche, au Nord-Ouest de Montdidier. Un grand nombre de tanks, surtout du côté anglais participaient à l'attaque.
Les Anglais avaient la partie Nord, de Albert à Castel.
Les 42ème et 66ème divisions, la 15ème division coloniale et la 37ème division étaient des divisions d'assaut.
Le front de départ était le suivant : Albert, Sailly-Laurette , Marcelcave, Hangard, Thennes, Castel, Morisel , le cours de l'Avre et à l'Ouest de Montdidier.
Le 8 au soir, notre ligne passait à Plessier, Caix, Mezières, Chipilly.
L'avance était de 12 à 15 km environ. C'était le début de la "guerre de poursuite" avec le Maréchal Ferdinand Foch comme commandant suprême des armées française et alliées.
A la colonie de Dury, nous avions comptabilisés 1441 blessés et 27 décès pour cette journée.

Le 9 août au matin, des troupes montaient toujours de l'avenue contournant le vau. Nous étions aux abords de Chaulnes, Montdidier était encerclé par la prise de Faverolles.
La IIIème armée au Sud attaquait vers le Nord par Ressons-sur-Matz.
A la colonie, nous devions accueillir 560 blessés.

Je suis à gauche et René à droite sur cette photo.

Le 10 août, mon frère René relevé depuis le matin, et au repos, au bois des Varinois à Ailly- sur- Noye, venait me voir à la colonie. Il me racontait sa journée du 8 août qui lui avait valu une citation à l'ordre de son régiment :

 "Chef de pièce courageux et d'un grand sang froid. Le 8 août 1918, a par les tirs précis de sa pièce fortement contribué à la prise d'un îlot de résistance ennemi dont les feux entravaient la progression de nos troupes."
 


L'équipe chirurgicale de Monsieur Fay était détachée à la ferme d'Ereuse.
Ce soir-là, on apprenait la chute de Montdidier.

Entre le 8 et le 11 août, il y avait eu 55 décès à la colonie.
Le centre chirurgical de Dury était supprimé le 11 août.
On devait soigner la cinquantaine de grands blessés hospitalisés avant que le centre ne se porte ailleurs.

Le lundi 12 août, à12h, l'ambulance 1/10 recevait l'ordre de se rendre à Plessier-Rozainvillers.


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