dimanche 29 décembre 2013

*6* A destination de Dunkerque, début octobre 1914.

En août 1914, commencèrent les batailles de mouvement.

Les soldats français ont participé aux offensives, en Lorraine et en Alsace. Le 8 août, les troupes françaises entraient à Mulhouse, qui tombait aux mains des allemands, deux jours plus tard.
Le 11 août, la France déclarait la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 20 août, nos progrès en Lorraine furent enrayés par l'ennemi.
Le 23 août, la France perdit la bataille des frontières.
Le 25 août, nous nous repliâmes sur le Grand Couronné de Nancy et au Sud de Lunéville.

L'armée belge se défendit héroïquement.  Le fort de Flémalle fut le dernier des douze forts composant la position fortifiée de Liège, à subir les bombardements allemands. Ce fort tomba le 17 août, et l' armée belge se replia sur Anvers.
Les Allemands occupèrent Louvain, puis la capitale.

Une rencontre de l'armée française et de l'armée britannique eut lieu du 21 au 23 août, sur la Sambre,  de Mons à Charleroi. Ces armées durent se replier et battre en retraite, jusqu'au marais de Saint Gond, au Sud de la Marne.

positions des différentes armées au 23 août 1914
source : Sambre-Marne-Yser.be

Pendant ce temps, les Allemands se ruaient en avalanche sur le camp retranché de Paris que Galliéni avait juré de défendre jusqu'au bout.  L'aile droite ennemie, sous les ordres de Von kluck, chercha à envelopper notre aile gauche. Elle était le 2 septembre, à Creil et à Chantilly.

Dans la nuit du 2 septembre, le gouvernement français quittait Paris menacée par l'avancée allemande et se retirait à Bordeaux, laissant la capitale sous le gouvernement militaire du général Galliéni.

Le 4 septembre, l'armée allemande occupait Reims.
Le 5 septembre, Galliéni et Maunoury gagnaient la bataille de l'Ourcq* contre l'armée de Von Kluck. 
* L'Ourcq est une petite rivière qui se jette dans la Marne aux environs de Meaux.

 général Joseph Galliéni
         source : wikipédia            




  général Alexander Von Kluck
source : wikipédia
            général  Michel Maunoury (wikipédia)           












 général Joseph Joffre
source : wikipédia

Le 6 septembre,  Joffre proclamait :

" Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du Pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. "

Il s'en suivit une offensive générale.


Lors de cette bataille, la réquisition de taxis parisiens fut organisée par le général Galliéni, pour acheminer les troupes,  afin de contrer l'avancée allemande. 3000 Poilus, serrés comme des sardines, à quatre ou cinq par taxi, avec leur barda, ont ainsi été transportés depuis les Invalides jusqu'aux lignes de front, situées à une centaine de kilomètres.
Le 12 septembre, la bataille de la Marne était gagnée. Les Allemands s'établirent sur l'Aisne et en Champagne.

Du 14 au 28 septembre, il y eut la bataille de l'Aisne durant lesquelles les attaques française et britannique ne sont pas arrivées à repousser l'ennemi. Cette partie du front s'est stabilisée en s'enterrant dans les tranchées.

carte anglaise montrant les batailles de la "course à la mer" à l'automne 1914
source : wikipédia



Puis, du 19 septembre au 15 octobre,  ce fut la "course à la mer" entre les armées allemande, française et britannique. Les Allemands cherchaient à atteindre Dunkerque, Boulogne et Calais.
Début octobre, l'armée française tenta d'empêcher l'ennemi de se déplacer vers la Manche. Les Allemands prirent Douai et les Français se retirèrent sur Arras.
Puis, Lille fut occupé par l'ennemi, après un siège qui dura du 3 au 13 octobre, et un intense bombardement. Le 10 octobre, commençait la bataille de La Bassée et le 13 octobre, la bataille d'Armentières. 






Les Allemands s'établirent sur l'Yser, petit fleuve côtier qui s'écoule vers la mer du Nord, en traversant les Flandres française et belge.


C'est à cette période que j'ai rejoint  le Nord de la France.
premier carnet de guerre

 J'avais emporté avec moi un petit carnet sur lequel j'avais écrit, au crayon, le journal de mon voyage. Ce carnet, rempli au jour le jour, allait être suivi de plusieurs autres, précisant mes déplacements, mes affectations, mes sentiments, mes rencontres tout au long de ces quatre longues années de conflit.

première page de mon carnet










Le 5 Octobre, un détachement sanitaire de la 16ème section d'infirmiers militaires dont je faisais partie, était constitué à Perpignan, avec 112 hommes, 6 sergents et 4 médecins auxiliaires.

Partis le 8 octobre à 22 heures de Perpignan, nous étions à Bordeaux le lendemain, vers 23 heures.






Le 11 octobre, nous embarquions, quai de bacalan, à bord du "Gard" de la CGT (compagnie générale transatlantique), à destination de Dunkerque. A midi, nous levions l'ancre. 120 hommes de la première section dont 1 médecin auxiliaire et 6 sergents, environ 250 infirmiers, sous le commandement d'un médecin auxiliaire major de première ligne, 113 artilleurs ou ouvriers d'artillerie dont 1 caporal, 1 lieutenant et 9 sous-officiers, prenaient la mer avec nous.


Notre bâtiment était un petit vapeur de 97 mètres  transportant surtout des marchandises, filant à 12 noeuds, à sa vitesse maxima sans charge de marchandises.
Nous avions 615 miles à parcourir, ce qui devait nous prendre 50 heures. Mais, suite aux ordres et demandes reçues en cours de route, la traversée dura 73 heures.

A 17 heures, nous avions remonté l'embouchure de la Gironde, et nous étions en vue de Royan.
Le lendemain, à 11 heures, en vue de Penmarc'h, je pris mon repas mais me couchais tout de suite après, car la mer était mauvaise. Quelques camarades se firent excuser. Je me levais à 16 heures, montais sur le pont pour assister aux signaux que faisait notre bateau à un bateau de guerre français du port de Brest, qui lui demandait des renseignements au sujet de notre voyage. Pendant ce temps, il se rapprocha de nous. Les réponses jugées sans doute satisfaisantes, on se salua et on put continuer notre marche. La mer restant agitée, il y avait beaucoup de malades.
Beachy-Head
source : wikipédia

Le 13 octobre, à 7 heures du matin, en face de Cherbourg, nous avons mis le cap sur l'Angleterre, et à 16 heures, nous étions en vue de Beachy-Head. Une heure après, on entrait dans le Pas-de-Calais.
A 18 heures, après un échange entre notre capitaine et un pilote venu du petit port anglais de Dungeness, promontoire situé sur la côte du Kent, nous stoppions jusqu'au matin.


Le Lady Brassey
source : tynetugs.co.uk

Le 14 octobre, à 8 heures du matin, nous avons repris notre marche, vers Douvres, où nous sommes arrivés vers 12 heures.
A l'entrée du port de Dover, le bateau de surveillance "Lady Brassey" nous a approchés. Après parlementation avec notre capitaine, et deux heures de manœuvres faites dans la rade de Douvres, nous avons repris la route de Dunkerque vers 15 heures.



Cap Gris Nez

A 16 heures, en face du Cap Gris Nez, nous fûmes accosté par "l'escopette", un torpilleur qui comme tous les autres nous questionna : "D'où venez-vous? Où allez-vous? Que portez-vous?".

L'escopette
source : navires 14-18.com


A 17 heures, le patrouilleur "le Calaisien" nous trouva également et vers 18 heures 30, nous rentrions dans le port de Dunkerque, après avoir au préalable été escorté par 4 torpilleurs.
Le lendemain, réveillés à 5 heures, nous avons pris notre café à bord.



Ce jeudi 15 octobre 1914, à 7 heures du matin, je débarquais dans le port de Dunkerque, à plus de 1000 km de ma famille, après 4 jours et 4 nuits d'une traversée mouvementée.










jeudi 19 décembre 2013

*5* Mobilisé en août 1914, à la 16ème SIM à Perpignan.


L'Allemagne avait une folle ambition, elle prétendait à la domination universelle.
Ce rêve monstrueux était celui de la Cour, de l'armée, de l'Université, des gens d'affaires, et de la grande majorité des travailleurs.
Le Kaiser Guillaume II se disait chargé par la Providence de régénérer le Monde.
Le 28 juin 1914, l'archiduc héritier d'Autriche, François Ferdinand, fut assassiné à Sarajevo, capitale de la Bosnie. En 1908, l'Autriche avait annexé Sarajevo contre tout droit, alors que cette capitale était revendiquée par la Serbie, état slave.
L'Autriche avait adressé un ultimatum humiliant à la Serbie. Cependant, sur les conseils de la Russie et de la France, la Serbie avait accepté presque toutes les conditions.
Des propositions d'arbitrage, par commission internationale, avaient été faites par le tsar Nicolas, la France et l'Angleterre, aux alliés, Allemagne et Autriche- Hongrie, qui les avaient repoussées.
Par prudence, la Russie dut mobiliser le long de la frontière austro-hongroise.

L'Allemagne déclara la guerre à la Russie, le 1er août 1914, puis à la France le 3 août 1914.
La Belgique fut sommée de livrer passage sur son territoire aux armées du Kaiser. Le roi Albert opposa un refus formel. La Prusse avait garanti l'indépendance et la neutralité de la Belgique par un traité appelé "chiffon de papier" par le chancelier allemand.
Le gouvernement britannique, soucieux de faire honneur à sa signature, déclara la guerre à l'Allemagne le 4 août 1914. Le même jour, il y eut violation de la Belgique.
Au début du conflit, les allemands, les austro-hongrois, les turcs et les bulgares avaient pour adversaires la France, la Russie, l'Angleterre et la Serbie. Plus tard, le monde entier fut bouleversé.

Source de la photo : wikipédia






Le 31 juillet, Jean Jaurès, homme politique originaire du Tarn, socialiste qui consacrait toute son énergie à empêcher le déclenchement de la guerre, avait été assassiné à Paris, rue Montmartre, au café du croissant, par Raoul Villain, nationaliste, partisan de la guerre.






L'église d'Albine





C'est à Albine que nous avons entendu les cloches
sonner le tocsin.






Des affiches annonçant l'ordre de mobilisation générale ont été placardées dans notre commune. Je devais organiser mon départ.

Le texte suivant, signé du Président de la République Raymond Poincaré élu en janvier1913 par l'Assemblée nationale, et de tous ses ministres, était aussi affiché :

 "Depuis quelques jours l'état de l'Europe s'est considérablement aggravé. En dépit des efforts de la diplomatie, l'horizon s'est assombri. A l'heure présente, la plupart des nations ont mobilisé leurs forces. Même les pays protégés par leur neutralité ont cru devoir prendre cette mesure à titre de précaution. Des puissances dont la législation constitutionnelle ou militaire ne ressemble pas à la nôtre, sans avoir pris un décret de mobilisation ont commencé et poursuivent des préparatifs qui équivalent en réalité à la mobilisation même et qui n'en sont que l'exécution anticipée. La France qui a toujours affirmé ses volontés pacifiques, qui a dans les jours tragiques donné à l’Europe des conseils de modération et un vivant exemple de sagesse, qui a multiplié ses efforts pour maintenir la paix du monde, s'est elle-même préparée à toutes les éventualités et a pris, dès maintenant, les premières dispositions indispensables à la sauvegarde de son territoire. Mais notre législation ne permet pas de rendre ses préparatifs complets s'il n'intervient pas de décret de mobilisation. Soucieux de sa responsabilité, sentant qu'il manquerait à un devoir sacré s'il laissait les choses en l'état, le Gouvernement vient de prendre le décret qu'impose la situation. La mobilisation n'est pas la guerre. Dans les circonstances présentes, elle apparaît au contraire comme le meilleur moyen d'assurer la paix dans l'honneur. Fort de son désir d'aboutir à une solution pacifique de la crise, le Gouvernement, à l'abri de ces précautions nécessaires, continuera ses efforts diplomatiques. Il espère encore réussir. Il compte sur le sang-froid de cette noble nation pour qu'elle ne se laisse pas aller à une émotion injustifiée. Il compte sur le patriotisme de tous les Français et sait qu'il n'en est pas un seul qui ne soit prêt à faire son devoir A cette heure, il n’y a plus de partis, il y a la Patrie du droit et de la justice, toute entière unie dans le calme, la vigilance et la dignité."

Source : Larousse
La mobilisation, à la Une du quotidien régional

C'est ainsi que le 8 août 1914, j'ai été mobilisé . Je faisais partie des 2 200 000 hommes de la réserve parmi les 2 900 000 qui devaient rejoindre les dépôts. Le transport, gratuit, devait se faire par voie ferrée, en tenue civile. Il nous  était conseillé d'emporter deux chemises, un caleçon, deux mouchoirs et une bonne paire de chaussures, des vivres pour un jour, et d'avoir les cheveux courts.

Photo prise par Bourguignon, le 2 août 1914 : un groupe de Mazamétains mobilisés
Photo prise par Bourguignon : la population Mazamétaine salue à la gare les mobilisés
Le général Taverna
source : military-photos.com





Je suis arrivé le 8 août au dépôt de Perpignan, à la 16ème section d'infirmiers, en tant que sergent.
Cette section était rattachée au 16ème Corps d'Armée qui était installé à Montpellier et qui avait pour chef le général Taverna.

Ce corps d'armée venait d'être mis sur pied par la 16ème région militaire.
Il entrait dans la composition de la IIème armée, surnommée "armée de Dijon", et il avait été constitué avec les vignerons de l'Hérault et les montagnards des Cévennes. La IIème armée avait été créée le 2 août, en application du plan XVII, le 17ème plan depuis la fin de la guerre de 1870. Ce plan consistait à avancer vers l'Alsace et la Moselle, pour reconquérir les territoires perdus en 1870 . La IIème armée était le fer de lance de l'offensive française pour libérer la Lorraine et pénétrer en Allemagne.




Son commandant, le général de Curières de Castelnau, était surnommé "le capucin botté" pour son catholicisme exalté. C'était un des principaux collaborateurs du général Joffre dans la préparation de la guerre.






A l'arrivée au dépôt, on m'a donné mon uniforme :  képi,  veste, capote,  pantalon,  bretelles,  chemise, cravate, caleçon, guêtres, chaussettes, brodequins à clous, ceinturon, cartouchières, porte-épée baïonnette.
J'ai du mettre à mon cou une plaque d'identité ovale, en aluminium portant mon nom, mon prénom, ma classe, ma subdivision et mon matricule.
Puis, on m'a remis havresac,  musette,  bidon, peigne,  mouchoirs,  boîte à graisse,  brosse, savon, trousse à couture, pansements, gamelle, cuillère, fourchette et quart.

Ma formation comprenait 33 hommes, dont deux sergents, Monsieur Pierre Cormouls et moi. L'officier qui la commandait était un jeune instituteur du Tarn. Il nous avait reçu comme de vrais camarades. Très vite, on nous a informé que nous devrions nous rendre à Lunel pour partir le 15 août vers l'Alsace, derrière les armées de L'Est,  avec un groupe de brancardiers de la 66ème division. Quoique assez près des combats, je  restais confiant et pensais que ce ne serait pas très dangereux.



En fait, contrairement à d'autres soldats de cette section d'infirmiers, je suis resté à Perpignan.

Un groupe de 120 brancardiers de la 45ème division marocaine, constituée à Oran le 19 août 1914 à partir d'effectifs provenant d'Algérie, du Maroc et de la 16ème région, devait arriver à Narbonne le 27 août, avec du matériel et des chevaux. Après la traversée de la Méditerranée, ils devaient débarquer à Cette et rejoindre Narbonne.
Cette division était commandée dès le 26 août par le général  Antoine Drude.
J'ai été envoyé  à Narbonne le 23 août pour fonctionner avec eux, avant leur départ pour Paris. Mais, c'était une erreur et nous avons été ramenés le 5 septembre à Perpignan.

Nous sommes restés cantonnés à l'Eldorado. J'y ai fait la connaissance de Capestan qui a été un peu plus tard affecté à la réserve du personnel sanitaire numéro 16, dans les trains sanitaires, à Aubervilliers, où il avait pour adresse158 rue de la Goutte d'Or.



Il y avait aussi parmi nous E.Escande 
qui avait dû, ensuite, à son tour,
 partir pour Castres.

E.ESCANDE



J'étais resté en contact avec mon
ami Antoine Sin de Cerbère, ville très proche de Perpignan. Il était devenu sergent le 6 août 1910 et, au retour du service militaire, il avait été affecté spécial comme employé de la Compagnie des chemins de fer du Midi. A la mobilisation générale, il avait été affecté d'office au 53ème Régiment d'Infanterie.








J'avais laissé ma petite famille, Louise, Yvonne et Jeannot, à Albine. Louise était inquiète et me demandait de lui donner souvent de mes nouvelles.
Heureusement, nous pouvions échanger quelques cartes postales et j'étais content de les savoir en bonne santé.

 
Albine, place de l'Ormeau.
                     Le travail continuait à la grande usine seulement.
              Durant l'été, le manque d'eau, la chaleur qui risquait de 
                   "piquer" les cuirs, mettaient les usines au ralenti. 

   La foire du 18 août n'était pas brillante, vu les circonstances. 
Un jour de foire, à Albine

Début septembre, l'usine devait arrêter le travail, beaucoup d'ouvriers devaient partir aux vendanges.
Le 16 septembre, Louise envisageait de me rendre visite à Perpignan avec les enfants, avec un arrêt à Carcassonne chez Madame Mercier.


Albine, le lavoir, avenue de Saint-Amans


Le 23 septembre, j'ai obtenu une permission de 6 jours et j'ai pu rejoindre ma famille dans le Tarn avant de retourner à Perpignan le 30 septembre. Quel bonheur de retrouver pour quelques jours les miens,  après ce long mois et demi d'absence !






Mon frère René, de la classe 1915, travaillait encore au Sénégal, et, âgé de 19 ans, n'avait pas encore fait son service militaire.
Notre cousin Elie Raynaud, de la classe 1916, était dans le même cas. Il travaillait comme René au Sénégal.




Pendant ce temps, mes amis connus au service militaire à Alger vivaient, en d'autres lieux, la même aventure. Joseph Arnaud avait rejoint le 3 août, la 15ème section d'infirmiers-brancardiers au dépôt de Marseille. Puis, il avait rejoint en Moselle, le groupe de brancardiers divisionnaires du 15ème Corps d'Armée. Ce corps  appartenait aussi à la IIème armée du général de Castelnau, et était commandé par le général Espinasse.
Le général Espinasse
source : provence 14-18.org
 Le 13 août, l'ordre d'attaquer et d'envahir la Lorraine avait été donné par le général de Castelnau. Lors de la bataille de Mohrange, le 20 août 1914, le 15ème Corps d'Armée montra quelques défaillances individuelles. Le général  Joffre fit alors replier ce corps, en l'accusant de ne pas avoir tenu sous le feu et d'avoir été la cause de l'échec de l'offensive française. Le ministre de la guerre prit alors des mesures de répression immédiates et impitoyables. Plusieurs soldats furent fusillés pour abandon de poste par mutilation volontaire, sans instruction ni interrogatoire préalables. Le journal "le Matin" en profita pour taxer, de façon calomnieuse, les Poilus provençaux de lâche, de façon très maladroite, générant chez eux, un sentiment de grande injustice. Le général Espinasse avait perdu, dans ces deux jours de combat acharné qualifié plus tard d'holocauste par les survivants,  9800 hommes et 180 officiers. En 10 jours, 12846 hommes du 15ème Corps d'Armée s'étaient retrouvés hors de combat. L'attaque française en Lorraine avait été un échec.
Ce 20 août 1914, Joseph fut fait prisonnier à Dieuze et on l'incarcéra en Bavière, au camp de Landshut.


Je restais à Perpignan, loin du front, jusqu'au 8 octobre 1914




dimanche 8 décembre 2013

*4* A l'usine de Gauthard, de Lagarrigue et d' Albine de 1908 à 1914.

Au retour de l'armée, j'ai rapidement retrouvé du travail. J'ai pris le 2 novembre 1908 la direction de l'usine de Gauthard.
J'avais pour patron direct Monsieur Rives Vidal  de la rue Meyer mais aussi Monsieur Albert Vidal.
Abel Amalric était employé.
Quelques mois après mon arrivée dans cette usine, le 10 janvier 1909, un conflit d'une grande ampleur opposa les patrons du textile de toute la région aux syndicats ouvriers qui réclamaient une augmentation de salaire pour les peleurs et les marragos, ainsi qu'une amélioration de leurs conditions de travail avec un salaire double pour le travail du dimanche et des jours fériés. Les deux syndicats d'ouvriers délaineurs, celui de la Fédération et celui de l'Union, avaient les mêmes revendications et obtinrent un tel rapport de force que les non-grévistes se virent imposer des amendes et la règle de la syndicalisation obligatoire. Le patronat du délainage étant divisé, il y avait ceux qui pensaient que les revendications étaient justes et ceux qui voulaient abattre les syndicats.

source : Mazamet et son Histoire par Michel  Bourguignon



La grève gagna aussi l'usine de Gauthard et le conflit se durcit en février, les négociations étant sans issue. Il y eut des manifestations de grande ampleur dans toute la région, comme on le voit sur cette photographie prise le 23 février 1909 à Mazamet..





Au début de ce conflit, les étuves pleines contenaient les peaux de 72 balles d'Australie, 12 balles sabrées dans les bassins et 12 balles défaites dans les bassins sans eau. Nous nous sommes organisés pour monter les peaux mouillées, soit 21 tonnes, au calorifère, sur le dos, dans des hottes, afin d'empêcher la fermentation. La mobilisation de la famille du patron, du chauffeur, des ouvriers du magasin et des personnes qui venaient parfois le soir pour ne pas se faire voir, permit d'avoir des pertes insignifiantes. Des aides vinrent de Mazamet et des environs immédiats, la nuit, pour sécher les peaux en partie étuvées. Tous ces efforts furent pénibles, mais la marchandise fut ainsi sauvée. Il n'y eut cependant aucune aide des ouvriers syndiqués.

A l'usine de la Jonquière où Louis Sénégas, mon beau-père était contremaître, il y avait 20000 peaux dans les étuves ou dans les bassins. Toute la famille de ma femme a participé au séchage de ces peaux. Au mois de février, une patrouille de grévistes est venue dans cette usine pour débaucher des ouvriers. Mon beau-père n'a pas voulu les laisser entrer et a préféré attendre l'intervention du patron de l'usine, Monsieur Pierre Huc. Celui-ci, comprenant que les grévistes étaient déterminés, demanda aux ouvriers non-grévistes de cesser le travail, afin qu'il n'aient pas d'ennuis.

Une solidarité ouvrière se mit en place durant cet hiver rigoureux et des soupes communistes furent organisées.

source : Mazamet et son Histoire par Michel Bourguignon



Une centaine d'enfants de grévistes partirent en exode à Albi mais aussi à Castres, Graulhet, Toulouse, Béziers ou Sète. Une grande manifestation avec les enfants parcourut la ville, la veille du premier départ. D'autres enfants avaient été accueillis par des familles à Mazamet même.






L'intervention des gendarmes à cheval, de dragons et de hussards, fut nécessaire. Les usines étaient gardées par la troupe. A Gauthard, une dizaine de soldats étaient mobilisés, avec parmi eux, Antoine Sin, soldat de deuxième classe du 143ème régiment d'infanterie depuis le 6 octobre 1908, venu de Castelnaudary. Il était originaire de Cerbère, nous fîmes connaissance de sa famille et de leur vin de Banyuls.  Je me suis ainsi lié d'amitié avec lui pour toute la vie.

Ce n'est que le 5 mai, après quatre mois de conflit, que la classe ouvrière obtint gain de cause sur ses revendications. Les ouvriers satisfaits d'avoir obtenu une augmentation de leur salaire, le travail put reprendre normalement. Ils purent aussi bénéficier de la loi de 1898 sur les accidents du travail, en se faisant soigner contre la redoutable maladie du charbon, mais selon la méthode du guérisseur Baraillé, à qui ils accordaient toute leur confiance.
Pour moi, ce fut un début difficile avec une première expérience de la gestion des conflits sociaux. 

Louise et Yvonne en 1910






Au début de l'été qui suivit, Louise m'annonça qu'elle était enceinte et le 4 mars 1910, elle mit au monde, à Mazamet, une fille, Yvonne, dans notre logement de l'usine de Gauthard.











Au bout de trois ans, l'usine fut abandonnée et reprise par Monsieur Martin.
Il m'aurait plu de rester à Gauthard comme on me le conseillait chaleureusement, mais on me fit une autre proposition.

Monsieur Georges Tournier, m'avait envoyé un émissaire, à trois reprises, me priant d'aller dans son bureau. Il avait été maire de Mazamet de 1906 à 1908 et savait que je servais depuis trois ans Albert Vidal, militant laïque radical-socialiste opposé à sa politique. J'étais donc allé prendre contact avec Monsieur Tournier, homme poli, aimable, distingué, mais un peu distant. Il fallait remplacer Monsieur Jules Escande, beau-père de Monsieur Joseph Rouanet.











Le 10 juin 1911, je recevais un courrier de Monsieur Tournier, me faisant connaître qu'il avait arrêté son choix sur moi pour le poste de contremaître à l'usine de Lagarrigue, sur la commune de Saint-Amans-Valtoret.


J'y rentrais en fonction le 1er novembre 1911 avec tous les avantages qui m'étaient proposés : 175 francs par mois (un instituteur gagnait en 1902, 70 francs par mois), un logement, l'éclairage, le chauffage et un potager, ainsi qu'une gratification minimum de 300 francs par an, si je donnais satisfaction à mon patron. Cette prime dépendait du rendement de l'usine et Monsieur Tournier était seul juge de son importance. Je devais m'occuper de la réception des marchandises, de la surveillance des machines et du personnel, exclusivement au niveau du travail. Un autre ménage logeait à l'usine et je devais assurer la garde de l'usine un dimanche sur deux. Il m'était recommandé de ne pas faire de politique.

Jean




C'est dans cette usine que le 27 mai 1912, Louise mit au monde notre deuxième enfant, Jean.








Cette année-là, mon frère René, âgé de 17 ans, partit pour le Sénégal pour y tenir un comptoir pour la maison Hortala de Bordeaux, spécialisée dans l'importation. Il put ainsi séjourner dans des villes ou villages du triangle arachidien (Diourbel, Rufisque, Kaolack ou Saint-Louis). La motivation principale était d'acheter la récolte d'arachides, à raison de deux récoltes par an, et de vendre à l'autochtone des produits de consommation courante tels que des ustensiles de cuisine ou des colifichets.
















En mai 1912, un émissaire de Monsieur Numa Baraillé vint à Lagarrigue me demander si un poste de directeur de délainage et lavage de laine ne me tenterait pas. Je rencontrais le jour-même, à 12h30, Monsieur Baraillé, rue de la République à Mazamet, et à 17h30, j'étais reçu par Monsieur Galibert et Monsieur Sarrat. A 18h30, je repartais avec un contrat en poche : 2000 francs par an  et un intéressement de 3% en fin d'année, un logement à l'usine d'Albine.
Alors que notre fils Jean n'avait que quelques jours, le 15 juin 1912, je prenais fonction dans cette usine. Des  charrettes étaient venues prendre nos meubles et la maison Galibert et Sarrat s'était occupée de toutes les démarches auprès de Monsieur Tournier.


L'entreprise Galibert et Sarrat avait été fondée en 1887 avec un capital de 200 000 francs et avait réalisé en 1902 un bénéfice de plus de six millions de francs.


la grande usine d'Albine


En 1908, le village d'Albine, d'environ 700 habitants, était rattaché à Saint-Amans-Soult avant de devenir une commune à part entière le 14 décembre 1909, avec Numa Baraillé comme premier maire, élu sur une liste républicaine. Celui-ci y avait fait construire les écoles. En mai 1912, Justin Sémat , un de ses adjoints, élu sur une liste libérale, lui succéda.




Le territoire d'Albine se situait entre les ruisseaux de Cambrau, de Candesoubre et du Galinas.

 





Il y avait une petite usine dite du Foulon (un moulin foulon était actionné par une roue hydraulique verticale) et la grande usine.
Celle-ci était une construction imposante, avec une cheminée dressée vers le ciel. L'entreprise employait de nombreux ouvriers qui vivaient à Albine ou aux alentours. Les peleurs, souvent issus de familles de cultivateurs, commençaient très tôt leur journée de travail et s'occupaient de leurs terres ou de leur jardin, au retour de l'usine.
Ils entraient très jeunes dans le métier, à l'âge de 13 ans révolus et même de 12 ans pour ceux déjà munis du certificat d'études. Leur travail consistait à séparer la laine de la peau de mouton, à l'aide d'un "coutel" muni d'une lame tranchante incurvée.
Pour cette tâche, ils étaient debout devant un banc de bois incliné sur lequel ils mettaient la peau à délainer.
Étant payés à la pièce, ils avaient intérêt à avoir un bon rendement.


des marragos transportant des balles dans la cour de l'usine

Pour une journée de travail de 10 heures, leur salaire atteignait environ 2.50 francs en 1900.
Des hommes et des femmes de tous âges faisaient ce métier. Le délainage était une industrie en plein essor. L'usine employait aussi beaucoup de manœuvres qu'on appelait les marragos.


les ouvriers préparant les balles de laine, dans l'usine d'Albine



La matière première, achetée à bas prix,  provenant surtout d'Argentine, mais aussi d'Australie, d'Afrique du Sud, du Maroc, d'Espagne ou d'Uruguay a permis aux industriels locaux de s'assurer rapidement le monopole des achats de peaux lainées.





Mon beau-frère Jean Antony, dans un comptoir en Afrique du Sud



Les Mazamétains avaient établi des comptoirs dans les pays producteurs.
Pour pouvoir affronter de longues traversées maritimes, les peaux étaient séchées au préalable dans ces pays.







Arrivées à l'usine, elles étaient mises à tremper pour rendre au cuir sa souplesse et ramollir les impuretés mêlées à la laine. Puis, elles passaient à la sabreuse, sous un tambour cylindrique armé de lames de fer, tournant vite alors que l'eau entraînait les impuretés et le suint. Après un retrempage, elles passaient à l'étuve pour "l'échauffe", ce qui permettait, grâce à un procédé de fermentation, de faire perdre de l'adhérence à la toison, pour faciliter le travail du peleur. A chaque étape, les peaux étaient transportées sur des wagonnets. La laine mouillée passait au compresseur, puis était transportée dans les séchoirs par les marragos. Un contremaître surveillait le travail de tous ces ouvriers.


mon père, Pierre Vidal, avec son cheval et sa charrette


Les "bourrats de laine" étaient transportés jusqu'à la gare sur des charrettes conduites par un cheval.
Mon père amenait ainsi des colis et des marchandises diverses depuis la gare jusqu'au centre ville ou à l'usine de la Jonquière.
Au début de l'été, il était aussi préposé pour déménager avec cette charrette la famille Huc qui séjournait de juillet à septembre dans une maison de campagne non loin du hameau de Fournes, sur la route du Pic de Nore.
Il montait souvent aux glacières de Pradelles pour descendre vers Mazamet des barres de glace destinées aux brasseurs et à d'autres commerçants.





Les ballots de laine et les cuirots secs étaient réexpédiés vers les États-Unis, la Grande-Bretagne ou les manufactures de Lille, Roubaix et Tourcoing dans le Nord. L'évolution du délainage dépendait de la quantité de peaux disponible dans les pays d'élevage, du cours de la laine et des besoins de l'industrie. En 1909, il se vendait environ 20000 tonnes de laine et les arrivages étaient de l'ordre de 55000 tonnes de peaux. Le kilo de laine se vendait aux alentours de 3 francs en 1900.
Le quotidien local "laines et cuirs" servait de trait d'union entre vendeurs et acheteurs.
Les usines de délainage fournissaient une très bonne laine aux filatures et un cuir de qualité aux mégisseries.
Les odeurs putrides du suint, d'ammoniaque et de peaux décomposées qui s'échappaient de l'usine étaient souvent incommodantes, surtout les jours de vent d'autan, mais avec l'habitude, on n'y faisait plus attention.
Les peleurs emportaient chez eux ces odeurs.

Mon prédécesseur avait été congédié, faisant une politique à l'encontre des intérêts de la Maison Galibert et Sarrat. Le syndicalisme venait de s'implanter dans cette usine, avec l'exigence de l'adhésion de tous les ouvriers, au moment de la campagne pour les élections municipales, peu de temps avant ma prise de fonction. J'ai débuté dans cette usine dans une atmosphère surchauffée. Environ 130 ouvriers s'étaient syndiqués, alors qu'une soixantaine étaient restés réfractaires à la syndicalisation. Des remarques, des observations sans fondement, étaient le prétexte d'entretiens demandés par le délégué syndical. Il me fallait faire face, c'était difficile et je me sentais découragé. Je n'avais que vingt-sept ans. A la fin du mois d'août, beaucoup d'ouvriers partaient pour divers travaux agricoles. Une jeune apprentie peleuse syndiquée devait partir vendanger, et sa mère, non syndiquée, travaillant à la petite usine de délainage Guibbert, me proposa de la remplacer. J'ai accepté en l'incitant à se syndiquer, mais sans insister. Le lendemain, le représentant syndical me le reprocha et les ouvriers menacèrent de cesser le travail si elle n'adhérait pas au syndicat. En septembre, prétextant un inventaire, des réparations et un aménagement,  l'usine fut fermée avec réouverture à une date  indéterminée.

Fin octobre, un ouvrier vint me trouver pour réclamer la reprise du travail à l'usine. Je lui promis de lui donner satisfaction si il trouvait 140 personnes pour reprendre le travail, avec promesse de se désyndiquer. L'usine put à nouveau fonctionner le 17 décembre, avec 109 anciens travailleurs sympathiques et 34 nouveaux. 65 restèrent au chômage, refusés par la direction ou refusant de quitter le syndicat.
De mon côté, afin d'apaiser le climat dans le village, je conseillais à tous les ouvriers qui avaient remis l'usine en marche, de se syndiquer, sachant que les plus durs avaient été mis en échec. 
Tout cela entraîna des violences et la mise en place d'une solidarité pour les chômeurs. Il fallut faire appel à la police, aux gendarmes. De décembre 1912 au lundi de Pâques 1913, il y eut des interventions des brigades de gendarmerie de toute la région. Des Parisiens vinrent sur place, on installa les soupes populaires. Des manifestations avec drapeaux, chants et discours réunirent de nombreux Mazamétains. L'ouvrier qui avait œuvré pour l'ouverture de l'usine, par crainte de représailles, partit travailler à Pezenas. Une quarantaine d'habitants s'en allèrent dans les vignes du Bas-Languedoc ou reprirent un travail dans une tuilerie à Bouscayrac. Puis, le calme revint, mais la tempête fut sérieuse, avec des brouilles entre voisins, le nombre de  renégats étant important et les chômeurs déterminés.

Louise ne travaillait pas et pouvait s'occuper de nos deux enfants pendant que j'assurais mes responsabilités de directeur d'usines. Nous habitions dans une maison spacieuse avec tout le confort, située à l'entrée de l'usine.  Nous avions tout à portée de main : un potager, des poules et des lapins, des cèpes que je me faisais un plaisir d'aller cueillir au début de l'automne, des châtaignes à profusion, des truites, du gibier. Nous tuions le cochon, comme beaucoup de familles. Pour le raisin et le vin, nous allions chez notre ami de Riols dans l'Hérault, Michel Tailhades, sellier, qui possédait une vigne.
 
.





Vovo et Jeannot pouvaient profiter du bon air et des bienfaits de la vie rurale








Je m'intéressais aussi à l'équipe de football-rugby qui avait vu le jour  en 1898 à Mazamet sous le nom de Véloce club devenu Sporting Club mazamétain en 1905 avec Albert Vidal comme premier président. Durant l'année 1911, les joueurs en bleu et noir avaient remporté de belles victoires : Le 1er janvier, ils avaient battu Castres par 14 à 0, le 10 mars ils enlevaient le titre de troisième série et devenaient champions des Pyrénées. En  février 1912,  le Sporting Club Graulhetois  s'inclinait face à Mazamet.

photo Bourguignon : équipe de football-rugby Mazamet 1911


 Réserviste rattaché à la 16ème section d'infirmiers militaires depuis mon retour du service militaire, j'étais appelé périodiquement pour des périodes d'exercices. Ce fut le cas du 17 août au 8 septembre 1911, puis du 19 avril au 5 mai 1913. J'ai du ainsi me rendre à Castries pour des manœuvres. Cette  ville de l’Hérault  était dominée par un château, petit joyau de la Renaissance construit sur des bases médiévales,avec son aqueduc monumental, chef d’œuvre de Paul Riquet et son magnifique parc à la Française conçu par Le Nôtre. Baptisé "le petit Versailles du Languedoc", ce château  avait longtemps servi d'hôpital militaire.

1913 :Je suis à droite de celui qui brandit une arme, au milieu de la photo.

                                                                                                                                                                                                                                               










A l'époque, je fumais avec plaisir, comme on le voit sur cette photo.










Henriette Maurin


Pendant ce temps, mes amis  rencontrés au service militaire à Alger, faisaient leurs périodes d'exercice dans d'autres lieux, en fonction de la section à laquelle ils étaient rattachés.
Joseph Arnaud était rattaché à la 15ème région, sa section d'infirmiers militaires était à Marseille. Il s'était marié en 1910 avec Henriette Maurin, originaire de Frontignan, avec qui il avait eu un garçon, Julien, né le 12 avril 1914, à Port-Saint-Louis-du -Rhône.





Nous ignorions tous, alors, qu'un conflit mondial se préparait.