dimanche 29 décembre 2013

*6* A destination de Dunkerque, début octobre 1914.

En août 1914, commencèrent les batailles de mouvement.

Les soldats français ont participé aux offensives, en Lorraine et en Alsace. Le 8 août, les troupes françaises entraient à Mulhouse, qui tombait aux mains des allemands, deux jours plus tard.
Le 11 août, la France déclarait la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 20 août, nos progrès en Lorraine furent enrayés par l'ennemi.
Le 23 août, la France perdit la bataille des frontières.
Le 25 août, nous nous repliâmes sur le Grand Couronné de Nancy et au Sud de Lunéville.

L'armée belge se défendit héroïquement.  Le fort de Flémalle fut le dernier des douze forts composant la position fortifiée de Liège, à subir les bombardements allemands. Ce fort tomba le 17 août, et l' armée belge se replia sur Anvers.
Les Allemands occupèrent Louvain, puis la capitale.

Une rencontre de l'armée française et de l'armée britannique eut lieu du 21 au 23 août, sur la Sambre,  de Mons à Charleroi. Ces armées durent se replier et battre en retraite, jusqu'au marais de Saint Gond, au Sud de la Marne.

positions des différentes armées au 23 août 1914
source : Sambre-Marne-Yser.be

Pendant ce temps, les Allemands se ruaient en avalanche sur le camp retranché de Paris que Galliéni avait juré de défendre jusqu'au bout.  L'aile droite ennemie, sous les ordres de Von kluck, chercha à envelopper notre aile gauche. Elle était le 2 septembre, à Creil et à Chantilly.

Dans la nuit du 2 septembre, le gouvernement français quittait Paris menacée par l'avancée allemande et se retirait à Bordeaux, laissant la capitale sous le gouvernement militaire du général Galliéni.

Le 4 septembre, l'armée allemande occupait Reims.
Le 5 septembre, Galliéni et Maunoury gagnaient la bataille de l'Ourcq* contre l'armée de Von Kluck. 
* L'Ourcq est une petite rivière qui se jette dans la Marne aux environs de Meaux.

 général Joseph Galliéni
         source : wikipédia            




  général Alexander Von Kluck
source : wikipédia
            général  Michel Maunoury (wikipédia)           












 général Joseph Joffre
source : wikipédia

Le 6 septembre,  Joffre proclamait :

" Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du Pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. "

Il s'en suivit une offensive générale.


Lors de cette bataille, la réquisition de taxis parisiens fut organisée par le général Galliéni, pour acheminer les troupes,  afin de contrer l'avancée allemande. 3000 Poilus, serrés comme des sardines, à quatre ou cinq par taxi, avec leur barda, ont ainsi été transportés depuis les Invalides jusqu'aux lignes de front, situées à une centaine de kilomètres.
Le 12 septembre, la bataille de la Marne était gagnée. Les Allemands s'établirent sur l'Aisne et en Champagne.

Du 14 au 28 septembre, il y eut la bataille de l'Aisne durant lesquelles les attaques française et britannique ne sont pas arrivées à repousser l'ennemi. Cette partie du front s'est stabilisée en s'enterrant dans les tranchées.

carte anglaise montrant les batailles de la "course à la mer" à l'automne 1914
source : wikipédia



Puis, du 19 septembre au 15 octobre,  ce fut la "course à la mer" entre les armées allemande, française et britannique. Les Allemands cherchaient à atteindre Dunkerque, Boulogne et Calais.
Début octobre, l'armée française tenta d'empêcher l'ennemi de se déplacer vers la Manche. Les Allemands prirent Douai et les Français se retirèrent sur Arras.
Puis, Lille fut occupé par l'ennemi, après un siège qui dura du 3 au 13 octobre, et un intense bombardement. Le 10 octobre, commençait la bataille de La Bassée et le 13 octobre, la bataille d'Armentières. 






Les Allemands s'établirent sur l'Yser, petit fleuve côtier qui s'écoule vers la mer du Nord, en traversant les Flandres française et belge.


C'est à cette période que j'ai rejoint  le Nord de la France.
premier carnet de guerre

 J'avais emporté avec moi un petit carnet sur lequel j'avais écrit, au crayon, le journal de mon voyage. Ce carnet, rempli au jour le jour, allait être suivi de plusieurs autres, précisant mes déplacements, mes affectations, mes sentiments, mes rencontres tout au long de ces quatre longues années de conflit.

première page de mon carnet










Le 5 Octobre, un détachement sanitaire de la 16ème section d'infirmiers militaires dont je faisais partie, était constitué à Perpignan, avec 112 hommes, 6 sergents et 4 médecins auxiliaires.

Partis le 8 octobre à 22 heures de Perpignan, nous étions à Bordeaux le lendemain, vers 23 heures.






Le 11 octobre, nous embarquions, quai de bacalan, à bord du "Gard" de la CGT (compagnie générale transatlantique), à destination de Dunkerque. A midi, nous levions l'ancre. 120 hommes de la première section dont 1 médecin auxiliaire et 6 sergents, environ 250 infirmiers, sous le commandement d'un médecin auxiliaire major de première ligne, 113 artilleurs ou ouvriers d'artillerie dont 1 caporal, 1 lieutenant et 9 sous-officiers, prenaient la mer avec nous.


Notre bâtiment était un petit vapeur de 97 mètres  transportant surtout des marchandises, filant à 12 noeuds, à sa vitesse maxima sans charge de marchandises.
Nous avions 615 miles à parcourir, ce qui devait nous prendre 50 heures. Mais, suite aux ordres et demandes reçues en cours de route, la traversée dura 73 heures.

A 17 heures, nous avions remonté l'embouchure de la Gironde, et nous étions en vue de Royan.
Le lendemain, à 11 heures, en vue de Penmarc'h, je pris mon repas mais me couchais tout de suite après, car la mer était mauvaise. Quelques camarades se firent excuser. Je me levais à 16 heures, montais sur le pont pour assister aux signaux que faisait notre bateau à un bateau de guerre français du port de Brest, qui lui demandait des renseignements au sujet de notre voyage. Pendant ce temps, il se rapprocha de nous. Les réponses jugées sans doute satisfaisantes, on se salua et on put continuer notre marche. La mer restant agitée, il y avait beaucoup de malades.
Beachy-Head
source : wikipédia

Le 13 octobre, à 7 heures du matin, en face de Cherbourg, nous avons mis le cap sur l'Angleterre, et à 16 heures, nous étions en vue de Beachy-Head. Une heure après, on entrait dans le Pas-de-Calais.
A 18 heures, après un échange entre notre capitaine et un pilote venu du petit port anglais de Dungeness, promontoire situé sur la côte du Kent, nous stoppions jusqu'au matin.


Le Lady Brassey
source : tynetugs.co.uk

Le 14 octobre, à 8 heures du matin, nous avons repris notre marche, vers Douvres, où nous sommes arrivés vers 12 heures.
A l'entrée du port de Dover, le bateau de surveillance "Lady Brassey" nous a approchés. Après parlementation avec notre capitaine, et deux heures de manœuvres faites dans la rade de Douvres, nous avons repris la route de Dunkerque vers 15 heures.



Cap Gris Nez

A 16 heures, en face du Cap Gris Nez, nous fûmes accosté par "l'escopette", un torpilleur qui comme tous les autres nous questionna : "D'où venez-vous? Où allez-vous? Que portez-vous?".

L'escopette
source : navires 14-18.com


A 17 heures, le patrouilleur "le Calaisien" nous trouva également et vers 18 heures 30, nous rentrions dans le port de Dunkerque, après avoir au préalable été escorté par 4 torpilleurs.
Le lendemain, réveillés à 5 heures, nous avons pris notre café à bord.



Ce jeudi 15 octobre 1914, à 7 heures du matin, je débarquais dans le port de Dunkerque, à plus de 1000 km de ma famille, après 4 jours et 4 nuits d'une traversée mouvementée.










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire