jeudi 8 novembre 2018

*19* Officier d'approvisionnement de l'ambulance 1/10, en route vers la Somme, du 8 avril 1918 au 5 mai 1918.

Le 8 avril 1918, l'ambulance 1/10 quittait Rogéville, après avoir passé du matériel et quelques consignes à l'ambulance 6/6. Elle arrivait vers 11h à Francheville après avoir parcouru 13 kilomètres sous la pluie.
Nous étions bien logés. J'occupais un chambre chez Monsieur Micand au 8 Grande rue, la popote était installée chez Monsieur Thierry.
Notre ambulance était au repos complet.

Le 9 avril, l'ennemi reprenait l'offensive entre la Lys et le canal d'Ypres, à la Bassée, Armentières et Hollebeke, sur un front de 31 kilomètres.

Le 15 avril, j'apprenais l'exploit de Douglas Campbell et Alan Winslow, deux pilotes américains qui venaient d'abattre deux avions boches dans le camp d'aviation de Toul.

Le 17 avril, Paul Bolo était exécuté au fort de Vincennes, avec une mise en scène un peu théâtrale. Il avait revêtu des gants blancs et placé un mouchoir sur son cœur pour qu'on le remette à sa femme après son exécution.

René est à droite sur cette photo.

Je profitais de cette période de repos pour aller rendre visite à mon frère René qui se trouvait à Bruyères dans les Vosges. Son 6ème régiment d'infanterie coloniale avait été relevé le 2 avril du secteur de Saint-Mihiel et avait été envoyé à Bruyères pour cantonner dans des casernes. Parti d'Arches en bicyclette, je remontais la Moselle jusqu'à Jarmeuil, puis la Vologne, traversant ainsi des sites charmants et pittoresques. Je passais la nuit à l'hôtel de la Renaissance chez Prion et j'étais de retour le 18 avril.




Le lendemain, nous recevions l'ordre d'embarquer à Toul le 22 avril, puis on nous annonçait qu'il y aurait un retard de 24 heures pour ce départ. .
Ainsi, le 23 avril à 14h30, nous quittions Francheville pour la gare d'embarquement de Maron où il fallait être à 20 h. L'ambulance devait passer par Gondreville et Villey-le-Sec. De mon côté, je passais par Toul, Dommartin et Villey-le-Sec. A partir de 17 heures, il y eut une pluie diluvienne et j'arrivais trempé comme une soupe, mais je trouvais dans la maison numéro 10 où Canac avait retenu la popote, un accueil chaleureux.
Le départ de Maron eut lieu à 23h15. Nous sommes passés par Neufchateau, Joinville, Saint-Dizier, Fère-champenoise, Sezanne, Esternay, Coulommiers, Pantin, Persan, Beaumont, pour débarquer à Saint-Germier le 25 avril à 2h. Le cantonnement se fit à 7 kilomètres de cette station, à Bois-Aubert, à 2 kilomètres de Senantes et à 11 kilomètres de Gournay-en-Bray, chez Monsieur Duchaussoy. Les chambres y étaient pour 3 ou 4, et je partageais mon lit avec Henri Fay dans la popote.

Ce jour-là, le raid d'embouteillage du port de Zeebrugge par la marine britannique privant les sous-marins allemands de cette base redoutable, avait échoué presque en totalité.

Le 26 avril, Villers-Bretonneux était repris à l'ennemi.

Je recevais une lettre de Monsieur Guibbert qui me donnait son opinion sur la marchandise reçue.  Joseph Guibbert était depuis 1909 directeur de la petite usine de délainage d'Albine, voisine de celle où j'étais moi-même directeur.  Auparavant, il avait été contremaître en 1905 de l'usine du Colombier appartenant à Paul Brenac, et je l'y avais rencontré quand j'étais moi-même contremaître à l'usine de Gauthard. Nous avions le même parcours professionnel. Les années de guerre avaient eu des répercussions sur l'industrie du délainage. Les arrivages de peaux lainées, les expéditions de laine et de cuirots avaient fortement diminué. Joseph et moi, partagions nos préoccupations sur l'avenir de nos usines.

Le 27 avril, nous étions encore au repos.
Le lendemain, nous allions à Gournay-en-Bray faire une visite dans les fromageries Pommel et Gervais. De Laurens venait de recevoir sa mutation : il devait se mettre à disposition de la VIIIème armée, comme officier d'état civil.

Le 28 avril, nous assistions à une conférence du Général Deville à Hodenc-en-Bray. A cette occasion, nous avions visité un bataillon de tanks qui se trouvait dans un bois de sapins à côté de la Chapelle-aux-pots. Il y avait 3 compagnies, 9 sections et 3 de réserve. Chaque section était composée de 5 appareils.

C'était aussi un lieu de pêche et de chasse : Le Maitre avait pris 62 truites en 5 jours et le médecin- chef un lièvre.

Un dîner avait été offert à De Laurens pour son départ. Bonhomme venait de recevoir sa nomination au grade d'adjudant et y était invité pour fêter son anniversaire.

Le 1er mai, à 5 h du matin, l'ordre nous avait été donné de faire partir les voitures de l'ambulance pour le Hamel, afin qu'elles y arrivent avant la nuit. Le détachement devait partir en auto-camion le lendemain vers 11h. Je passais la popote à Monsieur Maufrais. Nous avions accompagné De Laurens au train de 11h15 à Gournay-en-Bray où nous avions trouvé Madame Pellet et Mademoiselle Calvet d'Amiens.

Le 2 mai, notre ambulance partait de Bois-Aubert à 11h45. Nous montions dans un train militaire conduit par des Annamites. Il y avait douze hommes par voiture, trois camions. Notre itinéraire passait par Senantes, Crillon, Marseille-en-Beauvaisis, Grandvilliers, Poix et Conty. A 18h, nous étions sur la route nationale qui va de Conty à Amiens, avec en face notre destination, Fossemanant.






Après avoir pris un casse-croûte, nous partions pour le cantonnement dans ce village et nous nous installions pour dormir dans la salle d'école.







Le lendemain, il faisait beau et l'aviation était active. Nous déménagions pour nous installer dans le grenier de la maison où nous faisions la popote. J'allais à Neuville-Lès-Loeuilly où se trouvait le TB- abréviation militaire du Troupeau de Bétail-. Je vis le radiologue Lapouble pour régler sa situation. Au retour, je rencontrais Dombre, médecin auxiliaire du TB. Le 31ème Corps d'Armée auquel notre division allait être rattachée avait son quartier général à Conty. Nous étions en réserve de la Ière Armée et nous apprenions que nous fonctionnerions à Dury ou à l'asile d'aliénés d' Amiens. 

La 42ème division devait monter en ligne le 6 ou le 7 mai au sud de la route de Villers-Bretonneux devant Hangard, dans un secteur de 1400 mètres très mauvais. Il ne fallait pas céder du terrain à l'ennemi, ni se faire tuer sur place. Les évacuations y étaient difficiles, ce secteur ne présentant ni route, ni chemin commodes pour y accéder. De plus, il y avait des émissions d'ypérite. Il y avait eu 5000 évacués en 19 jours.

Le 4 mai, le 94ème et le 332ème régiments d'infanterie commandés par le Général Deville, le 8ème et le 16ème bataillon de chasseurs à pied, se positionnaient à gauche, à côté de la 37ème division d'infanterie et de la Division Marocaine. Toutes ces formations étaient maintenant rattachées à la Ière Armée.

Le 5 mai, intempestivement, à 13h, l'ordre nous parvenait de partir dans l'après-midi, pour nous rendre à l'asile d'aliénés de Dury situé à mi-chemin entre Amiens et Dury. L'ambulance 1/10 quittait Fossemanant à 14h30 avec l'ambulance 1/6 en prenant comme itinéraire Plachy, la route nationale jusqu'à hauteur de l'établissement de l'asile d'aliénés.




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