jeudi 8 novembre 2018

*22* officier gestionnaire de l'ambulance 1/10 à Plessier-Rozainvillers, puis à Roye, du 12 août au 9 septembre 1918

Le 12 août 1918, l'ambulance 1/10 quittait à 14h la colonie de Dury pour se rendre en 2 étapes à Plessier-Rozainvillers.
Les voitures devaient suivre la voie romaine passant par Hébécourt, Saint-Sauflieu, Oresmeaux et Jumel tandis que le détachement passait par Rumigny et Grattepanche  .
Nous arrivions à 18 h à Jumel et un dortoir était prévu dans la mairie.
Je profitais de cette étape pour aller voir mon frère René qui se trouvait tout près de là, à Ereuse proche d'Ailly-sur-Noye. Il venait passer la soirée à Jumel.

Le lendemain à 5h, nous partions de Jumel pour arriver à Plessier-Rozainvillers à 10h30.
L'ambulance se positionnait à 600 m du carrefour de la route de Hangest et de Mezières.
Rien n'était encore installé. Trente hommes du GBC 31-le groupe de brancardiers du 31ème corps- avaient à peine commencé à jalonner l’emplacement des baraques et des tentes.
Nous nous installions sous la tortoise et dans des tranchées.

Le 14 août, je me rendais à Rouvrel où se faisait le ravitaillement. Je me procurai au Génie des pioches, des pelles et des pointes. Je retournais de Rouvrel par Mailly-Raineval,la ferme de Genonville et le bois de Genonville. Il y avait des cadavres boches un peu partout, encore quelques Français, des carcasses et  des charognes de chevaux tout le long des routes.
Les communes d'Ailly-sur- Noye et Jumel avaient été fortement éprouvées par le marmitage et surtout par le pillage français.




Moreuil, Morisel, Mailly, Braches et Plessier étaient complètement détruits.






Le 15 août, le centre commençait à prendre tournure. Quelques tentes Dickson et 5 tortoises étaient déjà installées. Monsieur le directeur du 31ème CA paraissait satisfait et Monsieur l'Inspecteur de la Ière armée nous  manifestait toute sa satisfaction. Par décision du 31 juillet, toutes les ambulances chirurgicales divisionnaires avaient été rattachées à une armée. L'ambulance 1/10 était ainsi rattachée à la Ière Armée et se trouvait à la disposition du 31ème Corps d'Armée.

Le 16 août, les travaux continuaient et tout devait être aménagé le lendemain. A 8h, nous avions des blessés et la liste de répartition pour le fonctionnement était faite.

Le 17 août,  on commençait à fonctionner avec en tout 46 hommes en subsistance, l'ambulance 12/8 et le GBC.
Il y eut un peu de tirage à l'amorçage avec quelques frictions entre les PC-ou postes de commandement-. Enfin, ça marchait et le soir nous commencions avec six hospitalisés et deux décès.
La relève du 31ème CA était prévue. Notre ligne se stabilisait dans la Somme et un séjour prolongé était envisagé à cet endroit .
Notre rattachement à la division des ambulances chirurgicales semblait être préconisé.

Une offensive diplomatique ennemie provoquait le mécontentement des dominions anglais.
Le déplacement de la Ière Armée était envisagé. Goyencourt était pris et Roye encerclé. Nous avions de lourdes pertes en tanks.

Le dimanche 18 août, notre attaque devant Roye n'avait pas donné le résultat attendu. Nous avions avancé vers Roye de 2km, atteint Villers-lès-Roye et le camp de César. Les tanks avaient soufferts et Roye n'avait pu être dégagée. Les Anglais, malgré la résistance de l'ennemi, avançaient sur la rive droite de la Somme.

Du 19 au jeudi 22 août, nous recevions une moyenne de 175 blessés par jour dans notre centre de triage, 12 environ avaient été hospitalisés, 7 étaient morts des suites de leurs blessures.

Le 23 août, j'allais à Beauvais faire quelques achats pour l'ambulance. Je partais avec Monsieur Lancey à 4h du matin et retournais avec Monsieur Bressot, adjoint du directeur du service de santé.
Lassigny était pris par nos troupes. L'Armée de Mangin et la IIIème Armée du général Humbert avançaient au Sud-Est de Noyon jusqu'à la Divette.

Le 25 août, l'aviateur Alphonse Cussac de l'escadrille 44 faisait une chute au retour d'une mission sur le terrain d' Hangest-en-Santerre. Lors de cette mission, il était observateur à bord d'un Breguet 14 A2. Son escadrille était rattachée au 31ème Corps d'Armée. Il était mort de ses blessures dans notre centre.   

Le lendemain, de durs combats aboutirent à la prise  d'Andechy et de Villers-lès-Roye. Les 112ème et 173ème régiments de la 126ème division d'infanterie prenaient Fresnoy-lès-Roye.

Le 27 août, Roye tombait entre nos mains après une résistance acharnée.

Le 28 août, les passages diminuaient. Nous avancions et prenions Nesle et, en certains points, nous atteignions la Somme.

Le 29 août, les Anglais entouraient Péronne, Mont Saint-Quentin était pris, ainsi que Biaches et La Maisonnette.

Le 30 août, c'était la chute de Péronne. L'armée du Général Mangin avançait à l'Est de Noyon.

Le 1er septembre 1918, l' ordre de prendre au château de Rumigny du matériel et de le porter à Davenescourt à l'ambulance 14/8, nous parvenait de la direction du Service de Santé. Nous devions le lendemain faire mouvement pour nous installer à Roye.

Le lundi 2 septembre 1918, l'ambulance 1/10 se portait à Roye pour installer le Centre Hospitalier, à 500 m au Sud d'une sucrerie. Les tentes étaient  transportées par camionnette depuis Plessier-Rozainvillers et montées à Roye.

Le lendemain, je prenais en subsistance les brancardiers du 31ème Corps d'Armée qui coopéraient au montage.

Le 4 septembre, alors qu'on continuait les travaux, on apprenait dans la presse la prise de Guiscard, le passage du canal du Nord, avec une avancée de 5 ou 6 km.

Le 5 septembre, l'ennemi se retirait entre la Vesle et l'Aisne sur plus de 32km.
Le soir, cinq gros incendies apparaissaient à l'horizon, les Boches brûlaient tout sur leur passage en se retirant.
L'ambulance 12/8 venait à Roye, l'ambulance 16/10 restait pour terminer sa mission. Le Centre Hospitalier fonctionnait à partir du 6 septembre à 0h. l'Armée se trouvait encore sur Conty.

Le 7 septembre, c'était au tour de Ham d'être libéré. Les évacuations se faisaient sur Dampierre où l'ancien centre de triage était restauré.

Le 8 septembre, notre médecin-chef Monsieur Pinat revenait à l'ambulance. J'allais à Breteuil pour obtenir un poney de bon rendement et gérer la comptabilité mensuelle.

Le 9 septembre, le médecin directeur du 31ème Corps d'Armée décidait l'installation d'un centre hospitalier à Ham et Monsieur Pinat se rendait avec lui sur place pour reconnaître le terrain.
Nous allions devoir encore nous déplacer.






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