mardi 9 septembre 2014

*10* A Frévent, officier d'approvisionnement de l'ambulance 1/10, du 15 octobre 1915 au 7 mars 1916.

me voici,  à Frévent en 1915.




Après une nuit passée dans le train, j'arrivais en gare de Frévent, le 15 octobre 1915 à 7h du matin.







extrait de la carte de Lille à l'échelle 1/200 000 publiée par le service géographique de l'armée, révisée en 1898.

 Sur cette carte que je m'étais procurée à mon arrivée, on peut repérer Frévent au Sud de Saint Pol, en bas à gauche, à l'intersection de quatre routes. Cette cité très industrielle d'environ 5000 habitants, située dans le Pas-de-Calais, sur la Canche, à 12 km de Saint Pol, possédait des filatures de lin et de laine.
 Louis Luglien-Leroy administrait les filatures de Cercamp-lez-Frevent et de Boubers.


L'ambulance d'armée1/10 était au repos.
Rattachée au 10ème Corps d'Armée en garnison à Rennes et à la Vème armée, elle avait commencé à fonctionner dés le 4 août 1914. Après une période en Belgique, à Biesme et au château de Sart-Eustache, lors de la bataille de Charleroi, puis dans l'Aisne lors de la bataille de Guise, elle avait participé à la bataille de la Marne. Ensuite, elle avait regagné le Pas-de-Calais et avait occupé, à partir du 17 octobre 1914, les bâtiments du grand séminaire du Saint Sacrement à Arras.
C'était un poste de triage qui conservait les blessés graves et dirigeait les autre blessés vers l'arrière.
Lors des bombardements d'Arras par l'ennemi, le 22 octobre 1914, l'ambulance s'était repliée sur le cantonnement d'Agnez-les-Duisans, où elle avait assuré le traitement de quelques éclopés.

Dès le 29 octobre, un détachement mobile de l'ambulance 1/10 assura le secours des blessés civils et militaires, victimes des bombardements, à l'Hôpital du Saint Sacrement d'Arras. Le 22 mars 1915, une pluie de 800 obus s'abattait sur Arras. Puis, le 23 juin 1915, l'ambulance était bombardée. Le personnel transporta les blessés dans les caves. Un projectile tomba sur la cuisine au sous-sol. Deux sœurs augustines, une femme de ménage et deux employés civils y trouvèrent la mort. Le pharmacien Féret, le médecin Delage et deux infirmiers furent blessés.La chapelle et la partie gauche du cloître du grand séminaire furent détruites. Dans la soirée, l'ordre fut donné d'évacuer les blessés et une partie du personnel, sur l'HOE d'Aubigny. Le 25 juin, l'ambulance recevait l'ordre de se rendre à Frévent et de se mettre à la disposition du médecin inspecteur chef supérieur du service de santé de l'Armée.

 Peu de temps après ce bombardement, l'ambulance 1/10 fut citée à l'ordre de l'armée :
"sous les ordres du Médecin major Reverchon (5 novembre au 10 juin), sous ceux du Médecin major de 2ème classe Froment, ensuite, a assuré à elle seule le service de chirurgie de première ligne pour les victimes civiles et militaires des bombardements d'Arras et des luttes engagées à ses portes, assurant aux blessés les soins les plus complets et les plus compétents, et inspirant aux combattants un sentiment de sécurité et de confiance absolues. N'a abandonné sa tâche qu'après le bombardement de ses locaux et la destruction de ses installations essentielles par des projectiles de gros calibre."


Après cette attaque, l'ambulance 1/10 était devenue une ambulance de réserve de l'armée.
Du 10 au 25 septembre 1915, une section de l'ambulance avait fonctionné à l'école des filles de Frévent, faisant office de poste de triage des éclopés.

A mon arrivée, j'ai eu un accueil fort sympathique de la part de l'ensemble du personnel de l'ambulance.
Je venais remplacer le gestionnaire Bellanger. Il y avait un autre gestionnaire, Monsieur Robert.
Suite à la mutation du médecin major Reverchon, le médecin chef était Ernest Froment, depuis le 12 juin 1915. Il était assisté de plusieurs médecins dont le docteur Maurin et du pharmacien auxiliaire Caubon originaire du Lot et Garonne. Le maréchal des logis s'appelait Steunou et le brigadier Benistant. Il y avait aussi Cornaton et Pons. La formation comptait 38 infirmiers dont 15 détachés à l'HOE 31. L'ambulance disposait de 23 chevaux. Le médecin radiologue Claude Garnier de Falletans était détaché à l'ambulance 4/62. Cet aide major de deuxième classe, originaire d'Auxerre, avait été cité à l'ordre de la Xème armée pour son attitude courageuse et dévouée lors du bombardement de l'ambulance 1/10, en juin 1915, à Arras.


Sur cette carte postale, on peut se faire une idée de l'importance de l'effectif d'une ambulance en 1915.


Joseph Vergues






Mon ami Joseph Vergues avait été officier d'administration dans l'ambulance 1/37 du 3 août 1914 au 1er décembre 1915.





 Dès le 21 octobre, la gare de Frévent avait été mise à la disposition du 3ème corps d'armée qui devait se retirer du front. Il y avait un passage ininterrompu de troupes allant embarquer, pour se rendre par voie ferrée, de notre secteur jusqu'à Moreuil dans la Somme.

Ma fonction m'amenait à aller dans de nombreuses villes de la région. Je devais me rendre pour le ravitaillement à Fortel. J'allais prendre du charbon pour le détachement à Bruay.
Je me déplaçais jusqu'à Abbeville, Saint- Pol ou  Auxi- le- Château. J'avais été rendre visite à Monsieur Bailleau, à l'ambulance 14/3, à Le Souich. J'avais tenté de rencontrer à Hesdin mon ami Jean Vidal qui s'y trouvait depuis le 13 octobre 1915, mais il était absent le jour de ma visite. 
Il m'arrivait de parcourir ses distances en bicyclette ou même à cheval.


Le 22 octobre, je conduisis six chevaux au dépôt des chevaux malades à Ligny-sur-Canche, pour les remplacer. Ce jour-là, je rencontrai le docteur Raspide stationné dans le hameau de Beauvoir près de Bonnières et je dînai avec le Capitaine de Beaumesnil.

Me voici sur Banane, à Frévent, en 1915.






Le 14 novembre 1915, je pris livraison d'une jument nommée Banane, qui restera
 à l'ambulance 1/10 pendant trois ans.














J'ai gardé précieusement la couverture de Banane.
Cette couverture a été tissée en 1910  sur un métier à quatre marches en double croisé. Ses dimensions sont de 1.90 m sur 1.55 m et elle pèse 2,8 kg.
Fabriquée avec de la laine teinte à l'indigo dur, elle est bleu foncé, couleur utilisée pour les couvertures de cavalerie de réserve ou de ligne.
Dans le sens de la largeur, elle est traversée par quatre liteaux et une grande bande bleu de ciel.
La grande bande a été brodée avant foulonnage, avec de la laine jonquille teinte en fil à la gaude naturelle.

On y voit apparaître : la date de fabrication, les initiales du fabricant, le mot "guerre" et le numéro d'ordre de l'effet. Les chiffres et lettres majuscules ont 8 cm de hauteur et les lettres minuscules en ont 5 cm.
Sur le côté gauche, à 5 cm du bord et à 1 cm en dedans du liteau, se trouve un timbre d'admission qui a été apposé sur l'effet après l'avoir testé pour vérifier qu'il n'y avait pas d'imperfections.


De nombreux régiments de cavalerie composant le premier corps d'armée se trouvaient entre Hesdin et Frévent.
Le 23 octobre, j'ai vu des tracteurs à chenille transportant des canons anglais de 320mm venant de la route d'Hesdin, vers Flers, Hautecôte et Boucquemaison.

Depuis l'été 1915, l'état-major du général Ferdinand Foch se trouvait à Frévent, au château de Cercamp.
L'état-major du général Victor d'Urbal, commandant de la Xème armée, se trouvait à Saint Pol et celui de Joseph Joffre était à Chantilly.
 Le 26 octobre 1915, le président Raymond Poincaré se rendit au château de Cercamp, le départ de l'état-major du général Foch pour Amiens semblait alors probable.


petite carte du front éditée par Hatier, qui coûtait 0.15 francs










Le 27 octobre, je devais me rendre à Arras où je fus témoin d'un bombardement continu par des avions et des mitrailleuses.





















Monsieur Robert étant parti en permission du 28 octobre au 5 novembre,  je pris la gestion de l'ambulance. Je disposais d'une somme de 1323 francs. Mon investissement dans cette nouvelle mission donna entière satisfaction, comme cela a été noté sur mon dossier militaire par le médecin chef de l'ambulance 1/10, Ernest Froment.  Cette appréciation avait par ailleurs été visée par le médecin-chef du service de santé des étapes de la Xème armée :



Puis, à mon tour, je pus bénéficier de 10 jours de permission, du 18 au 28 novembre, et rejoindre avec plaisir ma famille à Albine. Je retrouvais ma femme et mes deux enfants en bonne santé.




extrait de mon carnet
 Comme je l'avais reporté sur mon carnet, c'est à cette période que j'avais souscrit le premier emprunt de la Défense Nationale, lancé le 25 novembre 1915 sous le nom d'Emprunt de la Victoire. La rente était de 5%.


Cet emprunt avait été émis pour financer la guerre qui durait plus longtemps que prévu. Il avait fait entrer 15 milliards de francs dans les caisses de l’État.



Le 30 novembre, la place de Frévent fut bombardée par des 380 mm et des canons obusiers de 270. Quatre pièces avaient été nécessaires pour leur transport.

Ce jour-là, en allant me procurer du charbon à Bruay-la -Bruissière, je rencontrais Maurel du 16ème escadron du train qui me donna des nouvelles de mes amis Barthe et Pouzenc. Puis, le 6 décembre, j'ai eu l'occasion de dîner avec Barthe rencontré au parc auto. Un peu plus tard, le 27 janvier 1916, j'ai rencontré à Saint Pol mon ami Abel Amalric et nous avons dîné ensemble avec Barthe le lendemain. Toutes ces retrouvailles avec des amis de ma région natale m'étaient bien agréables.
Leopold Barthe, du 16ème escadron de train,  de la classe 1903, était originaire de Saint- Amans -Soult, il était directeur d'une briqueterie.  
Etienne Fernand Pouzenc, entrepreneur de travaux publics, de la classe 1906, était originaire comme moi de Mazamet. A la mi-novembre, il était au Parc de réserve automobile de Versailles, affecté à la section de transport de matériel numéro 161, mais depuis le 2 décembre, il se trouvait à la section de triage du personnel.
Abel Amalric, négociant à Mazamet, de la classe 1902, avait été mobilisé le 9 août 1914 et affecté au régiment d'artillerie divisionnaire à Castres. Depuis le 11 septembre 1914, il était brancardier à l'ambulance 4/66 de la 37ème division.

Aucune permission ne m'était accordée pour les fêtes de fin d'année. Je devais me contenter, comme beaucoup de soldats, d'échanger du courrier et des cartes de vœux avec les miens.

Mon beau-frère, Fernand Seguier, parrain de mon fils Jean, avait profité de la nouvelle année pour envoyer à son filleul une carte faisant référence au parrainage des poilus.
En effet, le 11 janvier 1915, Marguerite De Lens avait créé la "famille du soldat", première association des marraines de guerre. Il s'agissait d'apporter un soutien moral aux soldats qui ne pouvaient plus avoir de nouvelles de leur famille, en leur envoyant des lettres et des colis. Les journaux ont rapidement relayé cette initiative qui  connut un vif succès. L’œuvre "Mon soldat" fut ensuite fondée par Madame Bernard , lançant aussi un appel pour que les soldats isolés trouvent un réconfort affectif.
Au cours de cette même année, le sort des soldats permissionnaires originaires des régions occupées, seuls et très démunis, attira l'attention des pouvoirs publics. On leur ouvrit alors, à Paris, les portes de la caserne de Reuilly. L’œuvre de fraternité militaire "Les parrains de Reuilly", créée par l'adjudant Angot, vit ainsi le jour et fut officiellement reconnue par le ministre de la guerre Gallieni, le 7 mars 1916. Cette fondation fonctionnait grâce aux dons de personnes . La princesse de Grèce, reçut ainsi chaque jour à sa table 25 permissionnaires à compter du 15 novembre1915. D'autres centres ouvrirent en province, à Lyon, Nice ou Menton.


Si le "parrainage" respectait un lien familial et chaleureux , le "marrainage" devint rapidement un flirt épistolaire et l'initiative de rencontres amoureuses. Des revues grivoises servirent de support pour des annonces sans équivoque. La marraine de guerre allait bientôt être synonyme de grande légèreté et petite vertu, et les cadres de l'Armée, allaient très vite soupçonner ces marraines de trahison et d'espionnage .


Fernand Seguier, Hélène Sénégas. 1912
Négociant dans le quartier des Bausses à Mazamet, Fernand s'était marié le 15 juillet1912 avec Hélène Sénégas, sœur de ma femme. Ils avaient deux filles, Alice née le 13 juillet 1913 et Madeleine née en 1915.
De la classe 1901, il avait été réserviste à partir du 30 août 1914 dans le 9ème régiment d'artillerie, à Castres. Depuis le 14 novembre 1915, il avait rejoint le 58ème régiment d'artillerie à Reims pour assurer sa défense dans les sous-secteurs de la route de Cernay et de la Butte de Tir. Il souhaitait vivement la paix pour pouvoir rejoindre sa famille.

Mon ami Joseph Arnaud participait, comme 300000 français, en tant que brancardier à la campagne de Serbie, dans l'armée d'Orient. Il avait quitté les Dardanelles pour le front de Serbie, en octobre 1915, au moment où la Bulgarie était entrée en guerre. Les Bulgares avaient coupé la ligne de retraite des Serbes vers le Sud et l'armée serbe avait dû se replier vers l'Ouest. Début décembre, les troupes alliées se replièrent sur Salonique, dans des conditions climatiques très difficiles, avec des chutes importantes de neige et des températures négatives. Des combats eurent lieu jusqu'à la frontière grecque. La Grèce n'avait toujours pas choisi son camp. L'armée serbe subit une cruelle retraite à travers les montagnes du Montenegro et de l'Albanie. Elle dut être évacuée et amenée par les navires alliés, via Corfou, à Salonique, où elle se reconstitua. Joseph retourna ainsi à Salonique en janvier 1916.


Je suis debout à gauche, René est assis à droite.
 L'année 1916 venait de commencer quand j'appris que mon frère René se trouvait à Noyelles-en-chaussée, dans la Somme, au nord d'Abeville. J'ai pu aller le voir le 5 et le 14 janvier dans son cantonnement au camp de Saint-Riquier, avant son départ, le 16 janvier pour Canly, dans l'Oise non loin de Compiègne.
René, blessé le  25 septembre  1915, fit la navette entre le dépôt et le front au 6ème colonial. A partir du 28 octobre, il séjourna au camp militaire de la Valbonne dans l'Ain, puis rejoignit la 8ème compagnie en campagne, le 8 janvier 1916, et passa à la 2ème compagnie de mitrailleuses le 11 février.


Photo de l'avion Farman  accidenté, prise par le maréchal des logis Paillard

Le 8 janvier, un avion Farman MF-11s'écrasa à Frévent. Henry et Maurice Farman, deux frères d'origine anglaise avaient donné leur nom dés 1910 à toute une famille d'aéroplanes. Le MF-11 était un biplan biface bipoutre doté d'un cockpit à ciel ouvert. Il fut utilisé de septembre 1914 à la fin de 1916 pour bombarder les positions allemandes, de jour et de nuit. 



Le 19 janvier, une visite des armées par le général Joffre avait eu lieu. L'état-major du 21ème corps d'armée stationnait à Frévent depuis le 5 janvier, il devait y rester jusqu'à la fin du mois. Après avoir participé à la troisième bataille de l'Artois, ce corps d'armée venait de se retirer du front. Cette formation avait donné le 20 janvier une soirée artistique des plus réussies aux membres de la place de Frévent, avec agape fraternelle. Puis, le 29 janvier, une soirée avait été organisée à Bonnières par le Train Militaire, avec la revue du Chat Noir.

Le 28 janvier 1916 fut un jour d'attaque dans le secteur d'Arras, avec un bombardement intensif  de la caserne Schramm. Il y eut un cheval tué et un obus de 105 mm non éclaté atterrit sur le boulevard.

Le 8 février, je rencontrais sur le boulevard, à Abeville, le lieutenant Monod du 42ème bataillon de chasseurs à pied, décoré de la croix de guerre. Il m'apprit qu'une nouvelle formation se mettait en place, l'armée de Noailles. Son état-major irait s'installer à la mi-mars à Mouchy-le Châtel, près de Noailles. La Xème armée garderait seulement les 17ème et 33ème corps de cavalerie. Jusqu'à ce jour, elle était composée des 3ème, 9ème, 12ème, 17ème, 21ème, 33ème et 83ème corps de cavalerie. En effet, c'est au cours de l'hiver 1915 - 1916 que les états- majors préparèrent leurs plans de campagne. Foch restait fidèle à sa stratégie : "l'artillerie conquiert le terrain, l'infanterie l'occupe." Il planifiait ainsi l'offensive de la Somme à venir, à laquelle la Xème armée allait participer. Cependant, les Allemands allaient lancer leur attaque sur Verdun, prenant notre état -major de court.
 

Le 23 février, le médecin chef Froment et le docteur Caubon partirent à leur tour en permission.
Pour mon frère René, la journée du 25 février était moins réjouissante, il prenait les tranchées vers Noyon, au Sud-Est de Roye.

 Il neigeait depuis deux jours et nous avions des difficultés monumentales pour nous déplacer. J'assistais à un passage extraordinaire de troupes de toutes sortes, quittant la Xème armée, pour aller probablement vers Verdun, en raison de l'attaque des Allemands du 21 février. Nos troupes étaient remplacées en Artois par les Anglais, l'armée britannique s'étant fortement renforcée pendant l'hiver, avec l'arrivée d'une dizaine de nouvelles divisions sur le front Ouest. L'attaque du lundi 21 février avait débuté dès 7h du matin par l'explosion d'un obus dans la cour du palais épiscopal de Verdun. Deux millions d'obus tombèrent en deux jours sur les positions françaises. Cette formidable attaque fut d'une violence extrême. Le 23 février au soir, la décision d'évacuer la population de Verdun fut prise et chacun dut prendre la route dans les plus brefs délais. Le général  Erich Von Falkenhayn avait été chargé de concevoir cette grande offensive qui devait saigner à blanc l'armée française. Le 25 février, les Allemands s'emparèrent du fort de Douaumont. Ce fort qui pouvait loger 800 hommes, servait de lieu de passage et de repos à l'Infanterie allant en ligne. 57 soldats qui occupaient le fort furent faits prisonniers. Puis, 19 officiers, 79 sous-officiers et des hommes de cinq compagnies l'occupèrent. Par cette prise, les Allemands ne se retrouvèrent qu'à 5 km de Verdun et le fort devint le pivot de la défense allemande sur la rive droite de la Meuse. Ce jour-là,  le général Philippe Pétain fut averti par son ordonnance, dans un hôtel où il se trouvait avec sa maîtresse, qu'il devait se rendre à Verdun avec la IIème armée qui était sous ses ordres. Il était désigné commandant en chef du secteur de Verdun.


 René fut évacué bien vite des tranchées : le 1er mars, il fut admis à l'ambulance 2/5, étant malade.






Le 3 mars, j'obtenais ma première permission de l'année 1916. Je n'étais pas retourné dans le Tarn depuis la fin du mois de novembre. J'ai pu ainsi être présent pour l'anniversaire de ma petite Vovo, le 4 mars, jour de ses six ans.









Jeannot était très fier de me montrer son nouveau costume de soldat et n'hésitait pas à faire devant nous le salut militaire.









Le 5 mars, le médecin-chef reçut des instructions provenant du service de santé de la Xème armée pour la libération de sa formation et le renvoi du matériel en excédent sur Creil pour inventaire.
Le 6 mars, les Allemands attaquèrent le Mort-Homme, sur la rive gauche de la Meuse.
Le 7 mars, ils lancèrent une offensive sur la rive droite à partir de Douaumont.
L'ambulance 1/10 partait ce jour-là pour Port-le Grand, à 8 km d'Abbeville. Elle se déplaçait avec les ambulances 12/12, 4/62 et 13/12, sous le commandement du médecin chef de l'ambulance 12/12, pour arriver à Port-le Grand dans la soirée du 8 mars.

Même si cette permission allait m'apporter un moment de répit, je me doutais qu'à mon retour, la période de repos à Frévent de l'ambulance 1/10 serait terminée et que nous irions vers une situation beaucoup plus agitée.